Entrainement ou encore un test ?

Lorsque Selenya proposa d’interroger les Vampires sur un éventuel « intrus » qui serait venu dans la salle et l’aurait quitté avant l’explosion était basique, mais pas mauvaise. Cependant, plusieurs problème réduisant considérablement l’efficacité d’un tel interrogatoire se posait :
- Pratiquement aucun Vampire ne se promenait dans les couloirs qui s’éloignait trop de la Crypte, et Aayon avait placé des gardes dans tous ces prolongements de la tanière des Vampires. A part les gardes, probablement aucun témoin.
- Les Vampires étaient libres de circuler dans la Crypte, d’y entrer et d’en sortir quand bon leur semblait. Les gardes à l’entrée ne faisait pas vraiment attention à qui passait du moment qu’il s’agissait de Vampires et qu’il ne s’agissait pas d’un groupe trop puissant ou trop nombreux (considéré alors comme une force d’agression). Trop de suspects du côté de la porte.

Le Comte finit par se décider, appela un autre subordonné (appartenant à la branche concernant les renseignements spéciaux internes à la Crypte, soit un espion qui avait lui-même des subordonnés) et lui ordonna de dresser la liste des allées et venues des Vampires cette nuit et les 30 nuits précédentes du mieux qu’il pouvait, en précisant les heures d’entrée et de sortie, les groupes constitués, leur clan, s’il emportait ou apportait quelque chose avec eux et tous les détails possibles et imaginables… Il devait aussi recueillir les témoignages des gardes en faction dans chaque couloir et lui rapporter un rapport complet et détaillé dès cette nuit. Après une rapide réflexion, le Comte lui assigna aussi le soin de faire la liste des victimes et disparus de la bataille contre la Congrégation.

L’espion claqua des talons en signe de réponse et se faufila en dehors de la salle comme si le Comte ne lui avait confié qu’une banale mission. Comme Selenya semblait elle aussi prête à quitter la salle, il lui offrit de nouveau son bras et la mena vers une cave d’entrainement aux murs épais ( très épais…). En chemin, il lui donnait de brèves explications sur les différents couloirs et salles rencontrées. On aurait presque dit un guide blasé faisant la visite guidée de son immense palais labyrinthique pour la millième fois…

« Voici une de nos salles d’entrainement… ou de jeu pour certains. Ne faites pas attention aux tâches sombres sur les murs : certains de nos congénères n’ont pas toujours sut quand il fallait s’arrêter. Si vous ne tenez pas à vos vêtements, nous pouvons commencé tout de suite, sinon… je vous conseille d’aller vous changer. Il y a des vestiaires là-bas. »

Le Comte, en attendant que Selenya soit prête à combattre, défit son manteau et suspendit ce dernier dans un coin de la pièce et attendit que Selenya puisse recevoir son enseignement.

« Je suppose, vu que vous avez assistée à un combat d’assez haut niveau, que vous avez eut un aperçut de nos pouvoirs ? Une force hors du commun, une grande vitesse, une bonne résistance et une capacité de régénération rapide en quelque sorte n’est-ce pas ? Travaillons déjà la vitesse et l’esquive… »

Sur ce, sans prévenir, le Comte fonça droit sur la Vampiresse en ligne droite. Inutile de dire que la vitesse de son assaut était telle, qu’un humain n’aurait pas même eut le temps de commencer à cligner des yeux que sa tête volerait dans les airs… Cependant, le Comte se trouvait terriblement lent. Il avait choisit d’attaque de la façon la lus basique qui soit et avec une vitesse assez faible : celle d’un Vampire de bas niveau, un larbin… un peu comme celui qu’il avait envoyé affronter « Xar ».

L’entrainement avait une double utilité : faire progresser cet élément intéressant et lui donner quelques chances de survivre (surtout que Selenya n’allait pas tarder à se rendre compte qu’elle avait déjà pas mal d’ennemies). En effet, les Vampiresses jalouses ne faisaient pas de cadeaux à leurs rivales et elles étaient à l’affut de la moindre occasion pour faire mystérieusement disparaitre l’une d’elles. Bien sûr, le Comte avait formellement interdit de s’entre-tuer, du coup, il laissait la voie libre à la « sélection naturelle » : les plus malignes et puissantes devenaient ses favorites, les autres disparaissaient. Pas de place pour les faibles chez les Vampires. D’autre part, le combat permettrait au Comte de voir si la fillette avait le potentiel d’un Ombre. Qui sait ? Peut-être la pousserait-il à révéler un pouvoir quelconque ? De plus, il jugerait de son habileté et lui offrirait peut-être une arme bien à elle.


[HS: je me demande si Selenya arrivera a effleurer Aayon ^^]

Selenya fut soulagée intérieurement de voir que le Comte avait un tant soit peu pris attention à sa proposition. Il fit venir un subordonné et lui fit une liste interminable tâches à accomplir. Le subordonné claqua des talons et repartit dans mot dire, comme si sa mission était d'une simplicité extrême. Le Comte offrit alors son bras à Selenya, et tous deux partirent en direction des salles d'entraînement, dans les Caves de la Crypte.

Au fur et à mesure de leur progression, le Comte se chargea de faire a la jeune femme une visite des lieux, toujours sans la moindre trace d'expression dans sa voix, ou sur son visage. Selenya écoutait, et assimilait les informations qu'il lui donnait sur l'emplacement des salles de la Crypte, leur fonction etc... Elle ne désirait pas se perdre dans ce vrai dédale et ainsi baisser dans l'estime du Comte, mais aussi des résidents de la Crypte. Aayon et Selenya entrèrent alors dans une des salles d'entraînement. La salle était rectangulaire, meublée très sommairement (un ou deux râteliers avec des hallebardes, lances, et autres armes dont la jeune Vampiresse ne connaissait pas le nom, ainsi que de nouveau types d'armes, une armoire avec des coutelas et des dagues sur leurs présentoirs,...). Les murs semblaient très larges, aucun cri ne pourrait se faire entendre d'ici... Et quelques taches sombres recouvraient les murs. A cette pensée, Selenya fut prise d'une angoisse passagère, qu'elle fit disparaître au fond de son esprit le plus vite possible. Ce n'était pas le moment d'avoir peur et de craquer. Paraître, toujours paraître. Le Comte continuait son explication :

« Voici une de nos salles d’entrainement… ou de jeu pour certains. Ne faites pas attention aux tâches sombres sur les murs : certains de nos congénères n’ont pas toujours sut quand il fallait s’arrêter. Si vous ne tenez pas à vos vêtements, nous pouvons commencé tout de suite, sinon… je vous conseille d’aller vous changer. Il y a des vestiaires là-bas. »

Selenya baissa les yeux sur ses vêtements : Des bottines à talon, une robe très XVIIIè... Non, c'est sur que ce n'était pas forcément la bonne tenue pour combattre, bien que la robe était dans un état assez critique, avec la scène de cette nuit et l'explosion... Selenya suivit la direction indiqué par le Comte sans mot dire, et ferma la porte du vestiaire derrière elle. A l'intérieur, elle trouva une tenue plus appropriée au combat, constituée d'une paire de bottes plates et souples, un pantalon moulant, un haut simple mais pratique, une paire de mitaine. Le tout exactement ajusté à sa taille. C'était à se demander s'ils n'avaient pas prévu sa venue dans cette salle, ou si toutes les femelles qui s'entraînaient au combat avaient les mêmes mensurations qu'elle. Elle trouva aussi à côté de cette tenue une paire de poignards à double lames courbée. Elle s'en empara, et retourna dans la salle d'entraînement ainsi accoutrée. Le Comte l'attendait. Il avait enlevé son manteau et l'avait accroché dans un coin de la pièce. Quand elle fut arrivée, il continua de parler :

« Je suppose, vu que vous avez assistée à un combat d’assez haut niveau, que vous avez eut un aperçut de nos pouvoirs ? Une force hors du commun, une grande vitesse, une bonne résistance et une capacité de régénération rapide en quelque sorte n’est-ce pas ? Travaillons déjà la vitesse et l’esquive… »

Tout se passa très vite. Le Comte fonça à une vitesse incroyable droit sur la jeune femme. Si elle avait été encore humaine, elle n'aurait même pas eu le temps de respirer qu'elle serait morte. Mais la, elle réussit à discerner la silhouette du Vampire droit devant elle. Elle adopta une sorte de réflexe, qui fut de se décaler le plus vite possible sur la droite pour esquiver l'attaque du Comte, et courut dans le sens contraire à l'assaut de Aayon. Elle fut grandement étonnée de la vitesse à laquelle elle atteint son but. Elle adopta alors une position plus propice au combat : genoux fléchis, jambe gauche en avant, les poignards biens serrés dans ses poings. L'attaque du Comte l'avait surprise, elle ne se laisserait pas avoir deux fois.

Selenya, à vrai dire, ne se rendait pas bien compte de ce qui se passait. Elle réussit à esquiver la première attaque sans dommages, et se positionna comme elle put pour faciliter le combat. Elle n'avait jamais utilisé d'armes, si ce n'étaient les bâtons de bois avec lesquels elle s'amusait à simuler une bataille féroce avec un chevalier sanguinaire quand elle était plus jeune. Le Comte recommença à attaquer, et la Vampiresse esquiva du mieux qu'elle pouvait. En fait tout tenait plus du pur réflexe de survie que de la technique de combat. Pendant qu'elle faisait des écarts, qu'elle sautait, qu'elle courait pour esquiver les assauts du Comte, elle remarque que celui-ci modulait sa vitesse, pour qu'elle se forge à l'imprévisibilité et les différences de niveaux dans les combats sûrement.

La Vampiresse se rendit Comte que la position qu'elle avait adopté n'était pas parfaite, loin de là : elle se déplaçait parfois trop lentement, ayant été retardé par ses jambes trop fléchis, la position de ses armes n'était pas très bonne non plus... Elle esquiva de justesse une nouvelle attaque du Comte en se cambrant. Cette attaque l'avait surprise, car elle était différente des précédentes. Le Comte changeait de style de combat. Il avait changé brusquement de direction, alors que la Vampiresse qui s'était préparé à une autre attaque avait déjà esquivé en conséquences. Il fut aussi beaucoup plus imprévisible dans la vitesse, qu'il variait pendant l'espace d'une seule attaque. Selenya continua d'esquiver du mieux qu'elle pouvait, usant de sa nouvelle vitesse de Vampire, de ses réflexes et de sa souplesse naturelle.

Le type de combat changea encore une fois : Le Comte se mit à tourner à toute vitesse autour de la Vampiresse dans un rayon tout de même assez large, ce qui lui laissait une certaine aisance pour les esquives, et commença à l'attaquer de toutes parts. Selenya essayait de maintenir un oeil sur ses mouvements, et se baissait rapidement pour éviter les attaques hautes, sautait, esquivait sur le côté pour échapper au Comte. Bien que sa vitesse se soit incroyablement amélioré par rapport à sa vie humaine, Selenya atteignait ses limites contre le Comte, qui était largement plus rapide qu'elle. Elle ne pouvait plus accélérer le rythme, elle était au maximum. A ce moment là, il se passa quelque chose de tellement rapide que Selenya n'eut pas le temps de suivre. Le Comte disparut tout bonnement à sa vue. Elle sentit soudain sa main se faire attraper ferment, et se faire tordre dans le dos de la jeune femme. En même temps, elle fut amenée de force contre le Comte, qui rattrapa un de ses poignards au passage et la regarda dans la yeux et lui sourit. La Vampiresse un peu essoufflée se convint que son coeur qui battait très rapidement était juste du au combat précédent.

« Pas mal. Pas mal du tout pour un début ! Sincèrement, je suis impressionné ! Cependant, vous seriez morte à l’heure qu’il est… il va falloir continuer de vous entrainer. De plus, vous avez dut remarquer puisque vous l’avez un peu corrigée, mais votre position n’est pas idéale. Laissez-moi vous expliquer… »

Le voix du Comte avait changé. Selenya pouvait discerner dans ses paroles une pointe d'étonnement et de la sincérité. Le Comte paraissait impressionné de la performance de la jeune femme, ce qu'elle trouvait étonnant car elle avait du beaucoup de mal à esquiver, et sa maladresse de novice ne l'avait pas aidée. Une question vint tout de suite à la tête de la jeune femme : est-ce que ces sentiments seraient sincères? Ou plutôt aurait-il de vrais sentiments? Le Comte la maintenait contre lui, et Selenya ne pouvait faire autre chose que le regarder dans les yeux. Il affichait toujours cet air de sincérité, avec ce sourire protecteur. La Vampiresse sentit à nouveau ses idées sur le Comte se brouiller. Ils étaient si près l'un de l'autre... Selenya fut parcourut d'un léger frisson. Puis elle ferma les yeux et détourna légèrement la tête pour revenir sur le droit chemin de sa pensée. Elle s'interrogeait énormément sur les sentiments, ou plutôt sur la possibilité du Comte à ressentir des sentiments... Elle avait eu des échos au château au sujet du Comte, et le contraste entre sa totale neutralité la première fois qu'elle le vit et les sentiments qu'il paraissait avoir maintenant la laissait perplexe. Elle rouvrit les yeux, et commença à parler.

-Il est vrai que ma position de combat était loin d'être parfaite, et le l'ai ressenti à plusieurs reprises... Et je tiens vraiment à m'améliorer, Monseigneur.

Sur ce, le Comte la relâcha, et lui prenant ses deuxièmes lames, il adopta une position de garde parfaite. Selenya prit bien le temps d'obsever la position des pieds, du torses, la façon de tenir ces poignards pendant que le Comte continuait son explication.

« Regardez : si vos jambes sont trop écartées, vous perdez en mobilité, trop proches, pas de stabilité. Il faut pouvoir encaisser et parer un coup puissant, et si vous n’êtes pas bien campée, vous allez vous retrouver à terre… Mettre son corps de profil permet de limiter les surfaces qui peuvent servir de cibles faciles. Pour le reste… je dois d’abord voir comment vous combattez. Il y a plusieurs styles de combats possible avec ces armes. Un bon choix par ailleurs. »
-Je comprends, merci de vos conseils Monseigneur.

Le Comte lui rendit ses armes et partit en chercher d'autres, des armes d'entraînement qui ne blesseront pas, du moins pas gravement, celui qui essuie leurs attaques. Selenya empoigna ses doubles poignards avec fermeté, et imita la position que lui avait montré le Comte. Ensuite elle testa un peu la maniabilité de ces armes : en les croisant devant son visage pour parer les attaques, en effectuant un moment circulaire avec ses bras tendus et les doubles poignards au bout, puis elle essaya de les faire tourner grâce à des mouvements de ses poignets, un peu à la manière d'une majorette, mais en plus élaboré. Elle avait conscience que ces mouvements pouvaient peut-être être risibles, mais elle essayait avant tout de se familiariser avec le poids, et les capacités de ces armes. Le prochain entraînement allait être encore plus ardu que le premier.

Selenya se familiarisait avec ses nouvelles armes, qu'elle trouvait fort pratique par ailleurs. Ces poignards étaient en effet légers, maniables, et la double lame permettaient plus de possibilités d'attaque. Elle continuait de s'entraîner en exécutant divers mouvements possibles. Faire des attaques circulaires notamment, en tournant sur elle même les bras tendus en projetant avec force ces poignards. Elle faisait fendre l'air à ces lames, avec le plus de force et de rapidité qu'elle pouvait. Elle était d'ailleurs surprise et intéressée par cette possibilité de vitesse, qu'elle avait pu tester pendant la première partie de l'entraînement. Cette rapidité fortement accrue lui donnait l'impression de ralentir le temps, si elle se battait contre un humain, le pauvre n'aurait pas eu le temps d'esquisser une attaque qu'elle aurait déjà esquiver et surgit derrière lui... Mais dans ce cas, elle ne se battait pas contre un humain. En fait, contre le Comte, c'est la jeune femme qui se considérait comme un humain... Lors de l'entraînement à l'esquive, le Comte avait fait preuve d'une rapidité ahurissante, beaucoup plus élevée encore que celle d'un Vampire normal. Et il faut dire que la jeune Vampiresse n'était pas rassurée quand à la suite de l'entraînement. Elle prévoyait que le Comte le lui ferait pas de pitié, et elle voyait bien qu'il comptait la pousser à bout, que ce soit au niveau mental ou physique. Le regard de Selenya se tourna vers le mur constellé de tâches sombres, ce qui la fit déglutir péniblement. Mais elle se reprit vite en main, en se disant que la concentration était le meilleur moyen d'éviter de se faire charcuter dans ce combat. Il fallait absolument qu'elle garde un oeil sur lui, à tout moment.

Un son attira alors brusquement l'attention de Selenya. Une sorte de sifflement, comme une lame fendant l'air. Elle se retourna soudainement vers l'endroit d'où provenait le son, en position de combat. C'était l'endroit où le Comte s'était dirigé pour prendre ses armes. Mais le Comte avait disparu. Elle entendit soudain un froissement de vêtement sur son extrême droite et tourna la tête rapidement. Elle vit alors le Comte fonçant droit sur elle, les poignards menaçants, se rapprochant à grande vitesse. Sans attendre, elle tenta de parer. Ses lames ne rencontrèrent aucune résistance, le Comte avait roulé sur le côté. Il bondit ensuite, et tournoyant avec ses poignards, dans une attaque qui voulait atteindre le dos de la jeune femme. Celle-ci se retourna et effectua un saut en arrière pour éviter cette attaque. Puis elle fonça ventre à terre vers le Comte, tenant un de ses poignards dans la main gauche, parallèle et plus près du sol, pour atteindre le Comte au jambes. Elle était penché en avant, pour accroître sa vitesse et tenait son autre poignard dans la main droite, prêt à se lever pour contrer une attaque que le Comte voudrait exécuter. Si le Comte esquivait, ce qui était presque sûr, la Vampiresse se jetterait vers la droite pour ne pas foncer dans le vide, roulerait et se relèverait le plus vite possible pour ensuite faire face à la suite du combat.

Quand Selenya chargea droit sur le Comte, elle était persuadée qu'il esquiverait. Cependant il n'en fit rien. Au dernier moment, Selenya sentit une résistance sur sa lame droite. Elle leva les yeux rapidement vers celle-ci, qui avait été accrochée par les poignards du Comte. Instinctivement, elle leva son poignard pour parer un éventuel coup. Son poignet fut capturé par la main ferme du Comte. Sans se rendre compte de ce qu'elle faisait, elle fut entraîné et heurta le torse du Comte. Il était dur comme la pierre et glacé. Elle était maintenue fermement et ne pouvait se dégager. elle sentit alors le visage du Comte effleurer la joue de la Vampiresse, et entendit une voix tout près de son oreille :

« Pas mal tenté. Mais là, vous seriez morte si c’était un vrai combat. »

Selenya sentit alors le froid du métal pressé contre sa nuque. Il avait raison, si elle s'était vraiment battu contre lui, il l'aurait tué... Et tellement facilement. Elle ne put se retenir un frisson. Elle était enfermée entres deux corps glacés : celui de la lame, qui menaçait de lui trancher la nuque si elle tentait de s'enfuir, et le torse du Comte. Il s'amusait à la mettre dans ce genre de situations ambigües, et elle le savait. Sa joue qui avait effleuré la sienne, et tout à l'heure son visage si près... C'était un jeu pour lui. Selenya aurait vraiment du mal à croire que toutes ces manigances soient sérieuses, et pourtant, au fond d'elle, elle aurait bien voulu.

Le comte la lâcha, l'air ennuyé, et la laissa au milieu de la salle d'entraînement. Il partit à un des présentoirs pour prendre une ceinture avec deux fourreaux, rangea ses armes dans chacun d'eux, et saisit un bout de velours noir. Il se banda les yeux avec. Puis, sans problème apparent de mobilité, il revint exactement au même endroit qu'il avait quitté. Selenya ne savait pas comment prendre cet acte. D'un côté, cet handicap forcé représentait peut-être une opportunité pour enfin pouvoir réussir une attaque (quoiqu'elle n'en était que très peu sûre, le Comte devait sûrement posséder une très bonne expérience dans le combat privé d'un sens, cela ne l'étonnerait pas de lui) , de l'autre côté, elle prenait cela pour une offense personnelle. La phrase du Comte la conforta dans ce sentiment de trahison.

« Nous pouvons reprendre chère amie. Voyons si vous arriverez à me forcer à dégainer. »

A peine avait-il finit sa phrase que Selenya usa de sa vitesse vampirique afin de courir autour du Comte en passant parfois très près de lui, l'effleurant parfois d'une épaule, faisant voler sa chemise. Elle changeait de trajectoire, de direction, se retournait brusquement. Cela lui permit de réfléchir en un temps éclair : elle essayait de le désorienter un peu, bien qu'elle pense qu'elle n'atteindra pas son but, le Comte était étonnamment plus rapide qu'elle. Mais elle raisonnait le plus logiquement possible, et tentait quand même le coup. Puis toujours dans sa course elle sortit ses poignards, et quand elle se retrouva derrière le Comte, elle sauta. Elle se retourna dans son saut, et prépara ses poignards à frapper. Elle comptait atteindre le Comte à la nuque, ou à l'épaule. Il allait sûrement se retourner pour parer, ou alors esquiver, a ce moment là elle atterrirait en roulant sur le sol, et se relèverait. S'il tente un retournement de situation comme tout à l'heure, elle tenterait de se dégager le plus vite possible. Et s'il trouve autre chose... Elle ne se laisserait pas faire.

A peine Aayon avait-il finit de parler que Selenya se mit à courir autour de lui. Il ne la voyait pas, mais il entendait ses pas rapides martelant le sol. Elle semblait décrire des cercles autour de lui, se rapprochant jusqu’à le frôler par moment. Elle aurait put l’attaquer, mais c’était trop tôt : elle cherchait à le déstabiliser d’abord. C’est comme cela que la plupart des bon combattants procédaient au début. Elle essayait de lui faire perdre sa trace et de l’habituer à ses manœuvres afin qu’il n’esquive pas la véritable attaque. Aayon ne bougeait cependant pas, concentré sur les mouvements de la Vampiresse qu’il détectait grâce au son de ses pieds au sol, des bruissement de ses vêtements et des sifflements du vent. Soudain, elle changea de direction, pivotant sur elle-même. Ses chaussures frottèrent le sol et Aayon comprit la manœuvre. Puis, un bruissement de tissu et de cuir accompagné d’un léger clic indiquèrent au Comte qu’elle sortait ses armes. Elle se préparait à attaquer. Il fallait commencer à prévoir l’esquive. Une fois que les bruits de pas furent derrière, Aayon entendit un son sourd plus marqué puis, plus rien au niveau du sol. Cependant, les bruissement de tissu et les sifflements du vent, plus intenses, se rapprochaient de lui. Elle attaquait en bondissant. Par derrière.

*quel courage ! Au moins, elle a essayé de tirer partit de mon handicap. Test réussi.*

L’inconvénient, c’est que pour le moment, impossible de prédire où elle comptait frapper. Aayon se concentra encore plus et parvint à percevoir, comme à travers un filtre, deux sons de sifflements plus ténus et plus aigus que le reste : les poignards. Une rapide évolution de la situation le renseigna sur le probable point d’impact. Elle essayait de le frapper à la nuque ou à l’épaule. Elle devait se douter qu’il esquiverais ou parerais et donc, elle devait probablement avoir prévu une réaction dans les deux cas. Ce n’étaient que des conjectures mais il valait mieux surestimer son adversaire que le sous-estimer. Il fallait donc trouver une troisième possibilité.

Réagissant ultra-rapidement, Aayon se mit à secouer la tête comme s’il ne comprenait plus où la Vampiresse avait disparue. Comme il n’avait pas bougé du tout auparavant, cela pouvait être crédible. Mais, alors que la Vampiresse abattait déjà son bras pour frapper, il se pencha, sans décoller ses pieds du sol et saisit son poignet d’une poigne de fer. D’un même mouvement, il projeta la Vampiresse au sol, devant lui. Il avait bougé trop vite, elle n’avait put réagir. Il était certains qu’elle ne l’avait pas même vu bouger. Selenya devait avoir l’impression de s’être téléporter au sol, devant le Comte, avec un mal de dos et de tête important. En effet, avec la vitesse, l’impact avait creusé un trou dans le sol.

Enlevant son bandeau, Aayon s’accroupit devant elle, plaquant ses bras au sol, son visage au dessus du sien, à quelques centimètres seulement. Une distance ambigüe. Et Aayon le savait. De plus, il la tenait suffisamment fort pour l’immobiliser, mais sans lui faire de mal. Il lui sourit amicalement, son sourire de séducteur découvrant des dents blanches et parfaites qui ornait ses lèvres vermeilles telle une couronne de neige pure.

« Bravo. Vous avez bien compris qu’il fallait essayer de désorienter l’adversaire en profitant de son handicap. Seulement, dites-vous que les combattants qui ne sont pas dans leur pleine capacité compensent toujours leur manque d’une façon ou d’une autre. L’ouïe par exemple. Essayez de détecter comment ils compensent et privé les de leur compensation : bouger plus silencieusement. Mais ce que je vous dit là fait partie de ce qui est enseigné à des Vampires qui ne sont déjà plus novices. Comprenez, Selenya, que vous avez déjà, naturellement, un niveau supérieur à celui que je vois en général chez un nouveau Vampire… »

Ses yeux restaient rivés au siens pendant qu’il parlait. Son ton n’avait plus rien du ton neutre et blanc qu’il avait avant. Au contraire : il était doux, suave, charmeur et envoutant… presque hypnotisant. C’ était un ton ou se mêlait l’admiration pour une guerrière d’exception, la tendresse qu’un protecteur a avec son protégé, l’attention caractéristique d’un amoureux, la douceur d’un homme compréhensif et délicat et… un désir respectueux pour l’objet de son amour. Un ton d’amoureux véritable. Les yeux du Comte brillaient d’une flamme qui semblait chaude et sincère. Il avait déjà réduit de moitié la distance entre leur visages… et il continuai… lentement… imperceptiblement pendant qu’il parlait.

« Selenya, je… voudrais vous revoir… je... ne sais comment vous le dire… »

Ces dernières paroles furent prononcées dans un murmure tendre et aimant. Il effleurait déjà ses lèvres des siennes. Puis, il l’embrassa tendrement, caressant amoureusement ses lèvres. C’était un doux baisé. Presque hésitant. Le baisé d’un homme qui aime, mais qui a peur d’être rejeté. En tout cas, il semblait sincère….

Selenya, alors qu'elle attaquait, vit le Comte secouer la tête de droite à gauche, comme s'il était désorienté et avait perdu la trace de son ennemie. Ce qui était étonnant, c'est qu'il n'avait fait aucun geste de préparation pour une esquive, ou une parade. Pourtant, Selenya le savait, son approche était loin d'être parfaite, et il devait sûrement l'avoir entendu dans son attaque. C'est pour cela qu'elle afficha des yeux surpris que le Comte ne pouvait pas voir. Mais ce n'était rien par rapport à l'expression de totale surprise qu'elle prit lorsqu'elle sentit d'un coup quelque chose lui attraper le poignet, et la jeter presque instantanément sur le sol. Le choc fut brutal, et elle sentit une douleur violente lui parcourir l'échine. En jetant des yeux pleins d'incompréhension autour d'elle, elle vit que la sol de la salle s'était enfoncé tout autour de sa silhouette. Une douleur lancinante se faisait ressentir derrière la tête de la jeune femme. Elle était un peu sonnée, et par conséquent ne put pas réagir directement. Surtout que le Comte la maintenait toujours fermement. Quand elle leva les yeux, elle croisa le regard du Comte, son visage seulement à quelques centimètres du sien. Elle ne put détourner le regard de ce visage angélique - le paradoxe se fait sentir dans cet adjectif -, déjà parce qu'elle aurait témoigné de l'impolitesse au Seigneur des Vampires, ensuite et surtout parce qu'elle se perdait tout simplement dans ces yeux... Son regard et son expression avait pris une tout autre forme que la neutralité de leurs premiers échanges. Elle n'avait pas assez de présence d'esprit pour déterminer la nature du sentiment qui habitait les traits du Comte en ce moment, mais un pressentiment la mettait mal à l'aise. Elle fixa donc le Comte pendant que celui-ci faisait un récapitulatif des points positifs et négatifs de son attaque :

« Bravo. Vous avez bien compris qu’il fallait essayer de désorienter l’adversaire en profitant de son handicap. Seulement, dites-vous que les combattants qui ne sont pas dans leur pleine capacité compensent toujours leur manque d’une façon ou d’une autre. L’ouïe par exemple. Essayez de détecter comment ils compensent et privé les de leur compensation : bouger plus silencieusement. Mais ce que je vous dit là fait partie de ce qui est enseigné à des Vampires qui ne sont déjà plus novices. Comprenez, Selenya, que vous avez déjà, naturellement, un niveau supérieur à celui que je vois en général chez un nouveau Vampire… »

Même le ton de sa voix avait changé. Les intonations qu'il prenait dégageaient comme une sorte de chaleur protectrice qui enveloppait peu a peu l'esprit brouillé et douloureux de la Vampiresse. Si elle avait tenté quelconque geste de résistance, cela aurait été vain. Le Comte avait plaqué fermement ses deux bras au sol, mais sans lui faire mal. Même mentalement, il lui aurait été impossible de résister, la douleur et le sentiment de malaise mêlé à une attirance inévitable l'en empêchait. Dans les paroles du Comte, elle ressentait un sentiment... Protecteur, admiratif, attentionné... Amoureux... Selenya n'arrivait pas à y croire. Elle devait divaguer, le coup sur la tête la faisait halluciner. Non, pourtant. Le visage du Comte se rapprochait inexorablement du sien, elle pouvait sentir son souffle doux, voir son sourire immaculé...

« Selenya, je… voudrais vous revoir… je... ne sais comment vous le dire… »

Selenya fut parcouru d'un frisson incontrôlé lorsqu'elle entendit ces paroles fatidiques. Le Comte avait considérablement réduit la distance entre leurs visages, et maintenant ses lèvres étaient si près... Selenya aurait tant aimé croire à ces paroles et les sentiments qui transparaissaient derrière, ils avaient l'air si sincères... Ce qui torturait la Vampiresse, c'est qu'elle ne pouvait pas faire confiance au Comte, au fond d'elle, une voix lui donnait l'alarme. Elle avait peur des conséquences, et elle avait peur... de lui. Oui, cet être l'effrayait, par sa puissance, par sa cruauté (elle avait entendu des histoires à son compte au château, qui l'avait mise en garde sur le type de personnalité du Comte), par son jeu parfait... Mais il la fascinait aussi, et c'est une des raisons pour lesquelles elle l'avait suivit jusque là, et se retrouvait dans cette position... C'était une personnalité insondable. Elle pouvait sentir les lèvres du Vampire effleurer les siennes. Non, il n'allait pas l'embrasser, il ne pousserait pas le jeu aussi loin... A moins que ce ne soit pas un jeu, et qu'il soit vraiment sincère... Mais le Comte était bien capable de cela... Que faire? Se débattre? Fuir lâchement? Accepter ses avances? Ou le laisser, juste une fois, pour voir... Le coeur de la Vampiresse palpitait extrêmement rapidement, ce qui était paradoxal pour une morte... Elle ne savait que faire... C'était une impasse pour elle, elle ne pouvait plus reculer... Il ne fallait pas lui faire confiance, il allait sûrement se servir d'elle ensuite, elle deviendrait son esclave... Mais cette situation était tellement romantique, et elle se pensait un vrai monstre pour renier un amant qui avait l'air vraiment épris... Trop tard...

Le Comte appliqua ses lèvres douces sur celles de la jeune femme torturée. Elles étaient tellement douces... Ce n'était pas violent, mais tendre, doux, amoureux, capable de faire fondre d'amour n'importe qu'elle buveuse de sang qui aurait reçu ce baiser. Un vrai baiser romantique, digne du plus beau livre d'amour. Selenya était parcouru de frissons, encore une fois, et elle rendit le baiser du Comte avec autant de sentiment que lui. Elle était dans un rêve, un très beau rêve... Mais elle se rendit très vite compte de ce qu'elle était en train de faire : elle entrait dans son jeu, alors qu'elle s'était dit quelques minutes avant de ne pas se laisser faire. Une bouffée de rage contre elle-même monta dans le corps de Selenya, ce qui la força à détourner la tête, et a mettre fin à ce tendre supplice. Elle tourna son corps sur le côté, enfin avec la mobilité que lui laissait le Comte, qui lui tenait toujours les bras au sol. Elle tremblait légèrement, et une larme coula le long de la joue de la Vampiresse pour tomber sur le sol gris de la salle d'entraînement. Cet interruption lui déchirait le coeur, mais elle s'en voulait tellement de s'être laissé entraîner, elle se haïssait en ce moment précis. Elle tenta de se calmer, de respirer une ou deux fois calmement. Elle reprit peu à peu contrôle d'elle-même, puis osa tourner à nouveau sa tête vers le Comte, avec un léger sourire, mais dépourvue de toute énergie. Elle lui adressa enfin la parole :

"Monseigneur... Comptez-vous encore me tester longtemps?"

Ces paroles n'étaient pas vraiment destinées à être exprimées à haute voix. Mais la Vampiresse avait préféré jouer carte sur tables, exprimer ce qu'elle ressentait depuis sa première rencontre avec lui... Une période de test interminable... Mais fascinante à la fois.

Comme prévu, et comme toujours dans cette situation, Aayon sentit la femme à qui il venait de dire des paroles proches d’une déclaration, frissonner doucement. Le Comte ne quittait toujours pas son regard et il y lut le désir, la peur mais aussi une sorte d’hésitation. Selenya luttait pensa-t-il. Allait-elle réussir à échapper à l’emprise du Comte. Aurait-elle assez de force, assez de volonté ? Apparemment non.

*Comme quoi, personne n’est infaillible. * se dit-il en l’embrassant. Après tout, elle était jolie, douée, obéissante… pourquoi pas.

La Vampiresse frissonna encore (normal : Aayon lui faisait le plaisir et surtout l’honneur de l’embrasser, et il savait qu’il était doué à ce jeu ), céda et lui rendit son baisé. Mais soudain, le Comte sentit Selenya se raidir. Elle parvint à se détourner. Elle lui faisait l’affront de se détourner.

D’abord vexé et agacé, Aayon regarda son visage dont la joue était collée au sol. Il était bien décidé à lui faire quelques remontrances quand à son impolitesse quand il remarqua la petite perle rouler silencieusement de son œil au regard triste. Aayon comprit qu’elle avait fini par rassembler assez de volonté pour se détacher de ses lèvres. Elle devait avoir compris son jeu. Maligne la petite. Forte aussi. Un futur Ombre, s’il parvenait à la « fidéliser » assez… Futur tas de cendres sinon. Ce serait dommage tout de même… D’un autre côté, maintenant qu’elle y avait goutté, elle développerait peut-être une certaine dépendance à l’égard des attentions du Comte. Mais cela soulignait encore plus sa force de caractère. Arriver à détourner la tête à ce moment… jamais on ne lui avait encore fait ce coup là.

Pendant que le Comte évaluait mentalement la situation, Selenya se força à respirer à fond pour tenter de calmer ses tremblements. Elle tourna de nouveau sa tête vers lui, ce qui l’intrigua. Le sourire qu’elle affichait fit naître une sorte de frisson chaud dans l’estomac du Comte, puis le Maître de la Crypte eut une drôle d’impression : comme si quelqu’un lui agrippait le ventre des deux mains et le tordait. La douleur restait faible et purement d’ordre psychique mais tout de même… Ce pourrait-il que ce soit là un des pouvoirs de la jeune fille ?

Aayon était cependant suffisamment maître de lui-même pour ne pas montrer que… que quoi en fait ? Qu’il y avait un truc qui clochait ? Il gardait son expression d’amoureux maintenant modelée pour afficher une sorte de déception et de peine venant du… de… Non, décidément, rien que l’évocation de cet organe semblait impossible pour le Comte. Il fallait qu’il se reprenne et vite ! Avant qu’elle ne… Trop tard.

"Monseigneur... Comptez-vous encore me tester longtemps?"

Bam ! Après l’essorage de chiffon-estomac, le coup de poing en pleine poitrine. Mais qu’est-ce qui lui arrivait ? Qu’est-ce que cette fille lui faisait ?! Qu’est-ce que… Soudain il comprit. Aayon était tellement stupéfait qu’il en oublia de respirer. Son expression d’amoureux se figea, « bugga », quelques microseconde. Elle n’avait aucun pouvoir particulier. C’était lui qui retrouvait certaines… choses oubliées… La seule chose que la fille avait, s’était son intelligence et sa vivacité d’esprit qui lui avait permit de deviner la comédie du Comte. Et le corps de celui-ci avait eut la réaction que tous ont devant un adversaire de taille, contre qui l’on n’est pas sur de gagner. Un de ceux qui sont imprévisibles et donc dangereux. A qui on ne peux pas faire confiance. Il s’était méfié.

En effet, le Comte avait confiance en lui pour ce qui était de manipuler son petit monde. Il savait… enfin pensait savoir… que si l’on faisait ça, l’autre répondrait par une action précise. La détermination. Chaque cause entraine un effet qui lui est propre. Pour jouer à ce jeu dangereux, il fallait cerner l’autre un minimum. D’où les test. Mais là… dès les test elle commença à… diverger des schémas classiques.

Pendant ces microsecondes, il réfléchit à la réponse adéquate à donner. En effet, il n’était pas du tout préparé çà ce genre de remarques et ne savait pas comment réagir. Ce qui expliqua sa relative ( très relative) lenteur à répondre.

Il passa en revue les différentes réponses possibles :
- Ah.. euh… ben… euh… en fait… euh… (la plus spontanée et naturelle, mais peu satisfaisante pour une réponse de Maître)
- Vous tester ? De quoi parlez-vous ? (réponse accompagnée d’un rire stupide et nerveux… Bof. Montre trop l’embarras.)
- Comment savez-vous que je vous teste ? (cela le ferait passer pour un idiot)
- *rire sadique, impitoyable* Rassure-toi, plus très longtemps. (Mouai, pas vraiment approprié à la situation. C’est kitch, mais ça correspond plus au moment où la proie se rend compte quelques secondes avant de mourir qu’elle a été manipulée toute sa vie… et là, il n’est pas question de la tuer)
- Comment oses-tu me défier ? (impossible : elle reste polie et ça colle pas.)
- Rassurez-vous, c’ était le dernier. (mensonge, et Aayon n’aimait pas mentir.)
- Rassurez-vous, c’ était le dernier… pour le moment. (déjà plus véridique)
- Aussi longtemps qu’il me le plaira, ma chère ! (ça, c’était ce qu’il pensait. Donc on ne pouvait pas le dire.)
- Aussi longtemps que je le jugerait nécessaire ( la stricte vérité. A garder secret.)
- Bonne question, cela dépendra de vous. (quelle tête ferait-elle s’il disait cela ? Mais le moment n’est pas au jeu…)

Redevenons sérieux :

« Veuillez m’excuser. Je me dois d’apprendre à connaître les Vampires de ce monde, en tant que Comte. Je suis sincèrement désolé si cette première rencontre vous est apparue comme une succession de tests. Je tacherait de faire plus attention dorénavant. Que diriez-vous de reprendre l’entrainement ? »

Voila la réponse qui sied au Comte. Un ton noble, calme et assuré. Un politesse exquise et un charme à tout épreuve, comme toujours. Sans excès de sentiment mais sans tomber dans le ton de machine. Juste ce qu’il faut pour paraitre capable d’éprouver. Mais la Vampiresse se laisserait-elle berner encore longtemps ? Elle devait déjà se douter, voire très sérieusement se douter, de la capacité sentimentale du Comte. Le pensait-elle déjà dépourvu de… décidément…

Tout en parlant, il lui avait sourit de son air aimable tout en veillant à conserver un petit soupçon de son air d’amoureux. Une petite flamme brillant de le regard, un sourire un peu trop amical, un ton un peu trop attentionné. De quoi garder l’illusion. Il avait relâché la Vampiresse, s’était relevé et lui tendait la main pour l’aider à se remettre sur pieds. Dès qu’elle fut debout, il lui demanda de se remettre en garde, corrigea de nouveau rapidement sa position et lui dit d’attaquer.

Après quelques échanges d’attaques et de parades d’un niveau trop bas pour le Comte, et ne forçant pas la Vampiresse au maximum de ses capacités actuelles, Aayon, s’ennuyant ferme, décida d’inverser les rôles. Il se mit à décrire des cercles de longueurs irrégulières et différentes autour de la Vampiresse afin de la désorienter. Il fonça à vive allure créant presque un tourbillon de poussière autour d’elle. Un humain serait incapable de le suivre des yeux, mais un Vampire pourrait peut-être discerner la silhouette du Comte. L’élite pouvait localiser à peu près l’endroit ou se trouvait le corps du Comte à un moment donné. Selenya avait-elle un niveau suffisant ? On allait rapidement le savoir.

Soudain, Aayon brisa sa course et attaqua le jeune femme sur le flanc droit. Il n’avait pas sortit ses arme et comptait la frapper du coude droit en plein estomac, la projetant ainsi à quelques mètres an arrière. Si elle esquivait, tant mieux pour elle, Il ne se laisserait cependant pas démonter et retournerait reprendre sa course circulaire en prévoyant déjà l’attaque suivante. Si elle parait, mais cela serait étonnant, il bondirait en arrière et reprendrait de même ses cercles. Si elle encaissait l’attaque, il attendrait qu’elle se remette en garde avant de l’attaquer de nouveau en bondissant hors de son nuage de poussière à l’improviste.

Juste après les paroles de Selenya, le Comte eut comme un instant d'immobilité totale. La flamme amoureuse qui régnait dans ses yeux jusqu'à présent s'était figée, et la jeune femme ne sentit plus le souffle de sa respiration sur sa peau. La phrase fit plus d'effet qu'elle ne le pensait, apparemment le Comte n'avait pas prévu cette réaction... Selenya contempla encore ce visage. C'est la première fois qu'elle le voyait avec cet expression... Une réaction spontanée, et qui faisait ressortir ce que le Comte ne lui avait jamais dévoilé auparavant. Un soupçon d'humanité, si elle osait le dire ainsi. Comme quoi, le Comte pouvait se laisser surprendre...
Cet état de dura que quelques petites secondes, et le Comte revint bien vite à lui-même, pour répondre à sa question :

« Veuillez m’excuser. Je me dois d’apprendre à connaître les Vampires de ce monde, en tant que Comte. Je suis sincèrement désolé si cette première rencontre vous est apparue comme une succession de tests. Je tacherait de faire plus attention dorénavant. Que diriez-vous de reprendre l’entrainement ? »

Etrangement, le "je tacherai de faire plus attention dorénavant" laissa la Vampiresse perplexe. Comme auparavant, le Comte avait repris son attitude et son ton calme, extrêmement poli, charmant, avec sa flamme toujours présente dans ses yeux qui montrait ses attentions à l'égard de Selenya. Mais dans son fort intérieur, la jeune femme savait qu'il fallait se méfier, elle se doutait que le Comte n'avait aucunement l'intention de réduire ces tests, il fallait être prudente et éviter de tomber dans ses pièges... Encore une fois. La Vampiresse commençait sérieusement à douter de ses capacités morales : elle avait succombé à la tentation tout à l'heure, et depuis tout n'était que bouleversements de sentiments pour le Comte, de méfiance, d'angoisse, de rage,... Au moins, il était sûr qu'aucune de ses capacités à avoir des sentiments ne s'était détérioré avec la transformation de le jeune femme. Elle croyait d'ailleurs qu'elle n'avait jamais ressenti autant de sentiments que depuis qu'elle était "morte". Ces moments qu'elle passait avec le Comte auraient été tellement plus faciles si elle avait perdu toute faculté d'émotion... Elle aurait été sur un pied d'égalité avec le Comte... Du moins, à chaque seconde de plus qu'elle passait auprès de lui, elle doutait de plus en plus sur la nature de ses sentiments. Tout avait l'air si parfait, si vrai, si... calculé dans ses expressions... Mais elle préféra croire encore un peu qu'il était doué de sentiments réel. Après tout, c'était quand même une chose affreuse et impossible que de ne plus rien ressentir...

Pendant sa réflexion, le Comte l'avait laché, s'était relevé, et lui tendait une main pour qu'elle en fasse de même. Elle la prit, et se remit d'aplomb sur ses deux jambes. La douleur dans son dos s'était déjà atténuée, mais elle conservait un mal de crâne qui l'empêchait de faire le tri dans son esprit, et d'avoir les idées claires pour la reprise du combat. Elle se mit en garde, le Comte lui donna quelques autres conseils, puis elle attaqua. Ne savant plus trop où elle en était, elle fut distraite pendant l'entraînement et ses attaques étaient très méiocres.
Soudain, le Comte changea les rôles. Sans prévenir et en moins d'une seconde, avec une vitesse hallucinante, il se mit à courir en cercle autour de la jeune femme. Selenya se sentait prise au piège, tout ce qu'elle voyait était simplement un cercle flou autour d'elle, comme une barrière. Elle plissa les yeux et se concentra de toutes ses forces pour essayer de discerner le Comte. Elle crut apercevoir sa silhouette juste devant elle à un moment donné, mais une grande douleur brutale dans l'estomac lui indiqua qu'elle l'avait vu trop tard. Elle fut littéralement projetée en arrière, et vint heurter le mur derrière elle, ce qui n'améliora pas ses douleurs à la tête. Elle crut même sentir quelque chose liquide et chaud dans son coup. En portant la main à sa tête, elle découvrit qu'elle s'était ouverte près de la nuque, en touchant le duir chevelu poisseux de sang.
Elle commençait à fatiguer, elle le savait. Elle n'avait presque aucune connaissance des combats, à part celles que lui avait appris le Comte et les techniques plus ou moins bonnes qu'elle avait improvisée durant l'entraînement. Sa tête lui faisait mal, apparemment la régénération rapide des Vampires ne fonctionnait pas encore à plein régime chez la nouvelle recrue vampirique. Elle était attirée par le Comte, cela ne faisait aucun doute, et avait peur que cela ne devienne de la dépendance. Comment découvrir une faille chez lui? Pour essayer de le déstabiliser une toute petite fois...? Un de ses poignards avait volé dans un coin de la pièce, et elle tenait toujours l'autre dans sa main gauche, le pressant fort comme une de ces balles anti-stress pour l'aider à ne pas craquer... Le seul moyen était peut-être de rentrer complètement dans son jeu... Elle n'avait plus rien à perdre dans cet entraînement de toute façon.
En se relevant maladroitement, pour montrer son état mal en point, en appui assez instable sur ses jambes, le filet de sang coulant lentement de son cou à sa poitrine, la bretelle de son haut déchirée et laissant apparaitre ses épaules livides, au lieu de se remettre en garde elle avança vers le Comte, ses yeux brillants de larmes :

-Monseigneur, je... je n'arrive plus... A vous faire face... Trop de... Souffrance...

Elle continuait à marcher vers lui, pour ensuite s'arrêter près, très près du Comte. Sa main droite se leva, avec l'intention de toucher ce visage si insondable, mais une sorte de lutte intérieur la bloqua à mi-chemin. Une autre larme coula des grands yeux noirs de la jeune femme.

-Pourquoi avez-vous été... si cruel... Après ce baiser fatal... Je ne peux plus... lutter...

Sa main toujours levée se posa finalement sur le torse du Comte, et serra fortement la chemise luxueuse du Vampire. Selenya franchit le demi-pas lui lui restait pour se retrouver complètement contre le Comte. La main agrippant toujours sa chemise, elle colla sa tête contre le torse du Comte, son corps fut agité de petits hoquets contenus, et à travers des larmes silencieuses, elle réussit à articuler :

-Laissez-moi rester à vos côtés... Même si c'est une torture pour moi... Arriverai-je seulement...

Un sifflement léger se fit entendre. Selenya avait, avec la rapidité qui lui était permise, levé sa main gauche jusqu'au niveau de la nuque du Comte, sur laquelle elle appliquait une des deux lames de son poignard, mais sans faire mal. Elle n'avait de toute façon pas le coeur à ça... Elle leva ses grands yeux mouillés vers le visage parfait du Comte :

-... A surprendre cet être une seule fois?

Aayon l’avait touchée au ventre et, comme prévue, elle avait volée loin… plus loin que prévue en fait : elle avait heurtée le mur. Mais elle semblait vivante, amochée, mais vivante. Le Comte attendait, debout à l’endroit où elle se tenait une seconde auparavant. Il l’attendait. Mais elle ne se remit pas en garde. Au contraire, elle avançait vers lui, garde baissée. Il profita de ce moment de répit pour admirer ses courbes et ses formes. La brettelle cassée de son haut découvrait son épaule dénudée qui était par ailleurs d’une grande beauté. Un filet de sang coulai de son cou vers sa poitrine formant un collier de rubis liquides. Même décoiffée par la bataille, elle conservait tout son charme. Lorsqu’elle se mit à parler, Aayon remarqua que ses yeux étaient luisants de larmes. Elle avait une drôle d’expression par ailleurs. S’avouait-elle vaincue ? Il serait déçu. Tellement déçu. Elle continua à avancer, parlant d’une voix faible mais sensuelle. Elle s’arrêta très prêt du Comte qui n’avait pas bougé et souriait d’un air satisfait voire victorieux.

Elle leva la main, hésitante, mais s’arrêta à mi-chemin. Elle n’osait pas toucher le visage du Comte, se disait ce dernier. Une larme coula de ses yeux noirs brillant. Aayon la trouvait sincèrement charmante mais son visage restait impassible, son sourire charmeur et un tantinet carnassier figé sur ses lèvres.

Pourquoi avez-vous été... si cruel... Après ce baiser fatal... Je ne peux plus... lutter...

A quoi jouait-elle ? Maintenant, sa main à moitié levée se posa délicatement sur le torse du Comte. Elle serra fortement sa chemise blanche immaculée comme si elle craignait de voir le Vampire s’enfuir tel une chauve-souris insaisissable. Elle finit par se décider à faire un pas de plus, se collant contre Aayon. Celui-ci se laissait faire, trop content de la situation. Elle collait maintenant sa tête contre son torse musclé. Il leva délicatement une main, et lui caressa les cheveux, évitant soigneusement les endroits blessés pour ne pas lui faire mal. Elle hoqueta. Elle pleurait en silence.

-Laissez-moi rester à vos côtés... Même si c'est une torture pour moi...

Elle avait perdue. Elle venait d’abandonner ses dernières défenses contre ce Maître de la Crypte. A moins que…

Arriverai-je seulement...

Aayon entendit un léger sifflement et sentit la lame du poignard appuyée contre sa nuque. Il afficha alors un air de surprise totale. Avec un soupçon de peur. Terriblement léger cependant. En effet, que pouvait-elle faire face à lui ? Mais malgré tout : il était dans une mauvaise situation et venait de se faire piéger à son propre jeu. Menacé de mort, il ne pouvait rien faire.

-... A surprendre cet être une seule fois?

Selenya devait ne pas en croire ses yeux… elle venait de piéger le comte et le tenait, pour ainsi dire à sa merci. Sauf que…





Une fois qu’elle eut finit sa phrase, il y eut un silence de quelques secondes, le Comte la fixant dans les yeux avec un regard impressionné mais vexé d’avoir perdu. Puis il se mit à rire, la tête rejetée en arrière. C’était un rire sincère, puissant mais il avait une sorte de mélodie envoutante. De plus, il n’était pas du tout approprié à la situation. En effet, le Comte semblait littéralement mort de rire, se moquant pas mal de la lame appuyée contre sa nuque. Il avait prévue qu'elle tenterait de l'avoir et avait voulu savoir jusqu'où elle porterait son audace. Et puis, vu la situation actuelle... il avait eut raison de la laisser venir se coller contre lui. Il ne lâchait pas la tête de Selenya, toujours appuyée contre son torse et leva son autre bras pour l’enlacer au niveau de la taille et la maintenir collée contre lui, pratiquement certain qu'elle essaierait de se dégager. L’étreinte était douce et agréable. Ferme mais en aucun cas elle ne donnait l’impression d’emprisonner la jeune femme. On sentait l’amour du Comte à travers ses douces attentions.

« Bravo ! Belle mise en scène, Selenya ! Vous avez eut une excellente idée que de prendre l’ennemi par les sentiments… mais … comment dire ? Vous en avez trop fait. Voyez-vous, votre petit scénario ne collait pas avec votre comportement précédent. Un peu trop « kitch », surfais. Cela sonnait faux. Mais bonne idée tout de même… »

Il se penchait à présent vers elle et souffla tendrement à son oreille :

« … mon amour. »

Avant qu’elle ne puisse réagir, il déposa un doux baisé sur son lobe, puis sur sa joue et descendit ainsi dans son cou qu’il embrassa tendrement. En même temps, mais cela, Selenya ne le sentait pas, il dégustait le sang de la Vampiresse…

Aayon était en fait le seul Vampire à qui le sang de ses congénères ne répugne pas. Il avait une saveur moins nuancée mais plus intense que celui des humains. Alors que pour les autres Vampires, le sang d’un autre Vampire avait le goût désagréable de la terre et d’autres substances dégoutantes, Aayon savourait les incroyables saveurs de ces monstres. Celui de Selenya avait un parfum floral. Il avait une saveur douce et enivrante. Unique. Elle avait décidément du potentiel. « Bon sang ne saurait mentir » dit-on.

Lorsqu’il eut fini de se nourrir et que toute trace du liquide pourpre avait disparut de sa bouche, aayon remonta vers les lèvres de la jeune fille, l’embrassant avec un talent et une sensualité qu’elle n’avait encore jamais connue à ce jour.

Mais bon, chaque manœuvre à un but. Pour celle-ci il était de faire d’une pierre trois coup : profiter un peu, la faire craquer et lui faire lâcher son arme. Il s’attendait à ce qu’elle se déconcentre, que ses muscles se relâchent et que son poignard menaçant lui glisse bêtement des mains. Alors, elle l’enlacerait certainement, réclamant d’autres baisés. Ou elle tenterait de ses libérer. Si elle essayait de l’enlacer à la taille – là où son ses armes – il la forcerait à mettre ses mains autour de son cou, empêchant toute offensive armée.
Si cela n’arrivait pas (peu de chance, mais on ne sait jamais avec elle) Aayon ferrai remonter sa main en de douces caresses le long de son bras. Là, il lui attraperait le poignet et la forcerait à lâcher son arme. Il comptait amener le bras de la jeune femme dans le dos de celle-ci, en une sorte de clé non douloureuse et de la maintenir ainsi collée contre lui, pendant que son autre main continuait de caresser les cheveux et le visage de Selenya.

Selenya en vérité doutait énormément sur la technique qu'elle venait d'effectuer. Prendre le Comte par les sentiments... C'était une chose très osée, et elle pensait qu'il arriverait par un moyen quelconque à éviter de tomber dans le piège de la Vampiresse. Quand elle sentit l'acier de sa lame appuyer sur la nuque du Comte, elle leva donc ses yeux pleins de larmes vers le visage du Comte. Et l'expression qu'elle vit affiché sur celui-ci la déstabilisa complètement, elle n'arrivait pas à y croire. Sur le visage du Comte, on pouvait lire une franche surprise. Apparemment il ne s'attendait pas à cela. En regardant bien, Selenya arriva même à déceler, logé au plus profond de ses yeux, une sorte de... peur?! Très difficile à dire si c'était bien ce sentiment là, tellement il était faible, mais la jeune fille en était presque sûre. Les yeux de la Vampiresse s'agrandirent un peu plus, dans un élan involontaire, elle n'en revenait pas.

Mais la réaction du Comte qui suivit la déstabilisa encore plus. Il se mit à rire franchement. Ce n'était pas un rire sadique ou machiavélique, mais un rire sans aucune trace de colère, un rire de véritable amusement. Le Comte avait l'air de trouver la situation très drôle, ce que ne comprenait pas Selenya. Il était pourtant dans une position assez inconfortable, et le poignard exerçant une pression sur sa nuque le menaçait de mort... Alors pourquoi? Pourquoi riait-il?? Pendant son hilarité, le Comte enlaça la Vampiresse par la taille avec son bras, pendant que l'autre maintenait sa tête contre son torse, caressant ses cheveux . Le premier réflexe de Selenya fut de tenter de s'en dégager, persuadé que Aayon tentait de l'emprisonner pour mieux lui faire payer son affront. Mais cette étreinte n'avait rien de méchante, voire même au contraire. Ne sachant que faire, Selenya renonça à la tentative. Elle resta donc collée au Comte, le regardant avec ses grands yeux noirs et humides, pendant que le Comte finissait de rire. Puis il parla :

« Bravo ! Belle mise en scène, Selenya ! Vous avez eut une excellente idée que de prendre l’ennemi par les sentiments… mais … comment dire ? Vous en avez trop fait. Voyez-vous, votre petit scénario ne collait pas avec votre comportement précédent. Un peu trop « kitch », surfais. Cela sonnait faux. Mais bonne idée tout de même… »

Si elle avait eu le courage de répondre, Selenya aurait émit deux objections. Premièrement, son comportement n'était pas tellement différent de celui d'avant. Pendant le premier baiser du Comte, elle s'était quand même largement laissé faire, et le lui avait rendu. Avec des sentiments, c'était certain. Et ces sentiments n'avait pas changés, malheureusement pour elle. Deuxièmement les larmes qui coulaient de ses yeux n'étaient en aucun cas surfaites ou "kitch". Elles étaient simplement involontaires, dues au fait que Selenya haïssait sa personne en ce moment même, et qu'elle savait qu'elle tombait petit à petit dans une dépendance face au Comte, qu'elle s'était jurée d'éviter...
Le Comte s'approcha de l'oreille de la Vampiresse pour lui souffler la fin de sa phrase :

« … mon amour. »

Encore un frisson qui parcourut l'échine de la jeune femme à ces mots. Ils sonnaient si sincères... Selenya ferma les yeux par réflexe, croyant que ne plus voir le Comte directement ferait baisser son malaise. Mais des baisers habiles de Aayon sur le lobe de son oreille, sa joue et son cou ne firent que raviver la tornade de sentiments qui la ravageait. Les tremblements recommençaient petit à petit. Selenya poussa alors un gémissement presque inaudible, et totalement incontrôlé. Sûrement à cause de l'état de crise nerveuse qu'elle frôlait, et de la sensation des lèvres du Comte se promenant dans son cou dans des caresses subtiles.
Après cela, le Comte remonta jusqu'aux lèvres tremblantes et mouillées par les larmes de la Vampiresse qui coulaient abondamment, et il l'embrassa à nouveau. Frisson, et tremblements encore plus violents. Les jambes de Selenya faiblissaient, et la main qui tenait le poignard contre la nuque du Comte serrait le plus fort possible pour éviter de lâcher l'arme. Elle devait tenir et le garder menacé par ce poignard, si elle voulait conserver un petit avantage. Mais c'était dur, si dur... Ses lèvres étaient si douce, ce baiser si... parfait... unique...

La main serrait encore le plus possible, jusqu'à faire blanchir les jointures de cette peau déjà pâle comme la mort. Mais les tremblements n'arrêtaient pas. Le baiser du Comte non plus. D'un coup, lasse de lutter contre un combat déjà perdu, la main se relâcha. Le poignard glissa pour atterrir sur le sol avec un bruit de métal. Il fut vite suivit par un bruit sourd de corps qui tombe au sol. La Vampiresse avait glissé de l'étreinte du Comte, ses jambes ne pouvant plus supporter la pression. Selenya s'était affaissée sur le sol ses jambes sans aucune force donnant l'impression d'une poupée désarticulée. Elle posa rapidement ses mains au sol, pour éviter de tomber plus bas. La tête vers le sol de la salle, ses longs cheveux loirs formant un rideau protecteur autour de son visage en pleurs, elle offrait un spectacle pathétique. Faible. C'est à ce moment que sa rage contre elle-même, déjà bien attisée, atteint son paroxysme. Dans un élan de désespoir, elle cogna de ses poings sur le sol, si fort que qu'un filet de sang se dessinait sur le sol à partir de ses mains, et rejeta la tête en arrière avec un cri déchirant. Elle ne voyait plus rien, tout ce qu'elle sentait c'était de la colère, de la tristesse, du désespoir, tellement violents qu'ils lui obstruaient tous les sens. Dans sa tête défilaient toutes sortes d'images funestes et imprégnées de hargne. Elle écarta alors les bras involontairement, et quelque chose d'inattendu et d'étrange se passa.
Le Comte dut avoir une vision assez inhabituelle à ce moment là. devant les mains tendues de la jeune femme se formèrent des sortent d'éclairs de lumière violacés, qui s'amplifièrent au fur et à mesure. Puis ces éclairs s'agglomérèrent pour former peu à peu la silhouette lumineuse... D'une sorte de cimeterre à la lame noire. Ca, c'était dans la main gauche. Dans la main droite, une autre arme se matérialisait. Une dague acérée. Une brise venu d'on ne sait où vint agiter les cheveux des deux vampires.

[Mode déconne ON]

De l'autre côté d'un des murs de la salle d'entraînement de trouvait une autre pièce similaire. Dans cette pièce, si quelqu'un était venu la par hasard, il aurait pu observer un personnage faible et étrange creuser des miriades de petits trous dans la cloison avec sa seule force, et une petite cuillère. Puis Ce quelqu'un l'aurait vu, son travail terminé, se relevé, essoufflé, et invoquer deux autres cuillères de sa taille à peu près. Il les prit ensuite une sous chaque bras, et les agita à la manière de deux grand éventails, pour que le vent passe pas les trous faits dans la cloison.


[Mode déconne OFF] Attention : Aayon, ne prête pas attention à cette partie, tu vas rien comprendre et c'est normal ^^

Selenya se releva alors doucement, ressemblant à une sorte de Zombie. Son cimeterre noir et sa dague dans chaque main, elle paraissait plus menaçante qu'il y a 2 minutes. Elle n'avait presque pas conscience de ce qui était arrivé, ni de ses mouvements présents. Dans une sorte d'état second, elle se jeta alors à l'attaque avec une vitesse accrue sur le Comte, sans aucune parole. Dans sa course, elle leva son cimeterre pour l'abattre sur le Comte, préparant sa dague au cas où son coup manquerait.

Aayon sentait qu’au fur et à mesure de ses caresses et de ses baisers, la jeune femme faiblissait. Tout d’abord, elle serra de plus en plus fort son arme. Aayon le sentait à travers ses muscles qui se contractaient. Il souriait intérieurement comprenant qu’elle finirait par craquer. Et cela ne tarda pas à arriver : Selenya laissa tomber son poignard, puis elle tomba elle-même au sol, à genoux, ses jambes ne pouvant plus la soutenir. Ainsi donc elle ne se permettrais pas d’enlacer le Comte et de se laisser aller dans ses bras puissants. Elle avait tout de même un peu de force mentale semblait-il. Et de dignité. Elle tremblait, le visage tourné vers le sol, ses cheveux décoiffés masquant ses traits. Mais Aayon entendait ses faibles sanglots. Il eut un sourire mauvais, en coin, découvrant une de ses blanches canines : elle était à bout. Il avais réussi à l’amener à sa limite. Mais Selenya n’eut jamais le loisir de voir ce sourire qui s’évanouit aussi vite qu’il était apparut.

Il savait que si il restait un minimum de dignité et d’honneur à cette fille, elle allait continuer à lui résister. C’était peut-être le bon moment pour la consoler… et en tirer encore un plus grand contrôle. Au moment où il se penchait vers elle, Selenya frappa le sol de son poing ce qui le fit saigner et rejeta la tête en arrière en hurlant. Aayon recula d’un pas, pas tellement surprit de la voir activer une capacité particulière. En fait, il s’y attendait un peu. Il sourit de nouveau et observa la scène, satisfait d’obtenir si rapidement des résultats.

La jeune femme avait un aspect effrayant. Les traits de son visages étaient déformés par des… sentiments probablement qu’Aayon ne pouvait pas comprendre. Ne pouvait ou ne voulait pas comprendre ? Cela le forcerait trop à raviver de mauvais souvenirs. Elle ressemblait à une sorte de Zombie, le regard vide. Elle écarta alors les bras comme si elle frappait quelque chose. Aayon observa alors plus attentivement, comprenant que quelque chose d’intéressant allait se passer. Alors, devant les mains de la jeune femme un cimeterre noir et une dague acérée se formèrent dans une lumière violacée. Elle se releva alors, tel un Zombie et se jeta sur le Comte avec une vitesse supérieure à la précédente. Elle se prépara à abattre son cimeterre sur le Comte.

Aayon avait cependant eut le temps d’observer les deux lames. Elles étaient de mauvaise qualité. La rouilles, masquée par couleur noire, recouvrait presque entièrement le cimeterre, et celui-ci ne paraissait pas du tout tranchant. La dague, quand à elle, était trop fine pour être réellement solide.
Du coup, le Comte le va le bras en contractant ses muscles et para le cimeterre, se faisant du coup un gros bleu au bras, mais il s’en moquait pas mal. De son autre main, il saisit la lame de la dague environ 5 cm après la garde et la tordit aussi facilement que s’il s’était agit d’une feuille d’aluminium. Il fixa alors Selenya (ou ce qu’elle était devenue) dans les yeux et demanda d’un ton aimable :

« Bien… Et ensuite ? »

Toujours ces images de destruction, toujours des combats mortels, des gerbes de sang giclant partout, du sang, du sang, du sang... La mort.
C'était tout ce qui régnait dans l'esprit de la Vampiresse. Toutes les pensées, les souvenirs, les réminiscences les plus noires de son cerveau avait ressurgit, et toujours de nouvelles images de mort venait éclore devant les yeux vides maintenant de toute expression de la jeune femme.

Elle avait attaqué, mais sans se rendre compte de l'état plutôt pathétique de ses armes. La Comte l'avait paré aussi facilement que si elle n'avait été qu'un insecte. Le cimeterre noire rouillé de Selenya avait été stoppé par le bras puissant du Comte, et sa lame de dague pliée comme une vulgaire feuille d'aluminium. La jeune femme appuyait le plus fort possible avec sa lame de cimeterre sur le bras, dans un réflexe mécanique, et un désir de trancher cet appendice qui la gênait. Le Comte leva alors les yeux vers la Vampiresse et lui demanda toujours aussi aimablement :

« Bien… Et ensuite ? »

Selenya continua de fixer le Comte après cette phrase. Ces paroles que des combattants normaux auraient pris pour une vile raillerie et aurait été vexés, voire irrités, ne semblèrent faire aucun effet sur la jeune femme. Son visage était devenu encore plus pâle qu'à l'ordinaire, et complètement dépourvu d'une quelconque trace d'émotion. Le plus flagrant était ses yeux : ceux dans lesquels le Comte pouvait lire comme un livre ouvert chaque pointe de sentiment de la jeune Vampiresse, étaient maintenant recouvert d'une sorte de voile gris qui leur enlevait cette facilité de lecture. Comme un voile hermétique. Bref, bien qu'elle ait gardé tous ses aspects physiques, elle ressemblait maintenant à une marionnette, qui agissait mécaniquement, dans l'unique but de blesser l'ennemi.

La pression de la lame sur le bras du Comte n'avait pas diminué, elle augmentait d'ailleurs à chaque seconde, au risque de plier la lame de mauvaise qualité au lieu d'entailler le bras. Sa bouche se contracta en une sorte de faible rictus, et elle prononça :

-Ensuite?

Tout cela dit presque robotiquement. Mais Selenya sentait le sentiment de colère et de rage de vaincre qui grandissait dangereusement en elle. Elle voulait le blesser, le déchirer, le lacérer, celui qui avait l'avantage depuis le début du combat. Son ennemi potentiel. Elle lacha alors sa dague, que le Comte tenait encore dans sa main, et son cimeterre, qui commença alors sa chute vers le sol.

Elle courut alors à sa vitesse la plus grande pour arriver derrière le Comte. Le cimeterre était à la moitié de sa chute. Elle matérialisa dans sa main, concentrant toute l'énergie qu'elle pouvait, trois couteaux de lancer bien affutés qui apparurent coincés entre ses doigts, et de l'autre main elle invoqua la même chose. Le cimeterre était tombé maintenant au sol dans un bruit métallique. Elle lança alors ses trois premiers couteaux trois sur le Comte, dans son dos, puis fila pour se retrouver devant à nouveau, a deux ou trois mètres de distance, et lança son deuxième jet de couteaux. Elle se recula, se préparant à éviter les possibles renvois de lames,mais aussi pour préparer la prochaine attaque.

Aayon regardait les yeux gris de marionnette assoiffée de sang de la jeune femme, se demandant ce qu’elle allait faire ensuite. Il savait que sa remarque, qui n’avait d’ailleurs pas été faite pour blesser ou insulter, n’aurait aucun effet et la jeune femme se contenta de répéter le dernier mot comme si elle ne comprenait pas. De plus, elle continuait à appuyer son cimeterre contre le bras du Comte. Elle ne réfléchissait plus. Son seul but emblait être celui de faire mal et de tuer son adversaire. Cette pensée arracha un sourire au Comte. Le blesser ? Aucune chance ! De son côté, la jeune femme venait probablement d’arriver à la même conclusion. Elle lâcha ses armes et fila dans le dos du Comte. Il eut cependant le temps de voir des lames se former entre ses doigts. A partir de là, n’importe quel idiot aurait deviné qu’elle les lui lancerait.

Sans bouger les talons il rattrapa les trois premiers couteaux d’une seule main et sans se retourner. Puis, la jeune fille se trouva face à lui et lança le reste de ses armes qu’il saisit délicatement au vol. Selenya semblait se préparer à une autre attaque. Mais le Comte ne bougea pas. Il examina une des lames en prenant tranquillement son temps. Elle était déjà de meilleure facture que la dague ou le cimeterre, mais ce n’était pas encore cela. Peu aiguisée, et trop lourde et mal équilibrée pour en faire une lame de jet efficace. De plus, elle faisait beaucoup trop de bruit en fendant l’air ce qui la rendait facilement repérable et esquivable.

Finalement satisfait de son inspection, le Comte lança les six lames aux pieds de la jeune femme, l forçant à reculer jusqu’au mur… ou bien ? Elle venait de se cogner contre quelque chose de dur. Mais un rapide coup d’œil autour d’elle lui permit de se rendre compte que le mur, le vrai mur, était encore à 5 mètres au moins. A peine eut-elle le temps de faire cette constatation, que le Comte lui avait saisit les poignets et les écartaient l’un de l’autre. Ainsi prisonnière, elle ne pouvait plus utiliser ses mains, même si elle faisait apparaitre de nouveaux couteaux.

Aayon attendit qu’elle se calme et retrouve son état normal. Puis il la laissa libre et lui adressa la parole avec son habituel ton aimable, doux et charmeur, auquel il ajouta un fond de sentiments, histoire de continuer jouer le jeu de l’amant transit.

« Bravo. Beau combat. Vraiment, vous avez un grand potentiel. Je suis réellement très impressionné ! Mes plus sincères félicitations ! Mais cela a dut vous épuiser. Que diriez-vous d’aller boire un verre de mon meilleur cru en discutant de l’attaque de ce soir ? »

Sans même vraiment attendre de réponse, il lui offrit son bras et la mena vers… son caveau personnel.

[HS : nouveau jeu : où est la suite du topic ? C’est vraiment dur !]