L'illusion du Réel... [Drak+ceux concernés...]

Topic 4
En provenance de l’infirmerie

Tout commença avec une sensation de chatouillis, comme une envie d’éternuer mais sans pouvoir y arriver. Une envie voulue de nulle part, provoquée par nulle plume ou courant d’air. Une envie qui était, tout simplement. Et cette envie était celle de se réveiller… ou pour être très exact, se reconnecter avec la réalité.

Wolf revint à lui lentement, comme si on appuyait sur des boutons les uns après les autres, et que chacun activait un de ses sens. Avant tout, le toucher. Il avait tiède. Oui, tiède. Ni chaud, ni froid. La surface plane sous lui était lisse, ni rude, ni molle. Juste supportative, si seulement cette notion pouvait exister.
Puis le goût. L’amertume d’une bouche sèche comme les blés en été, et l’arrière-goût du sang, reliquat de … de quoi déjà ?
L’odeur. De sang… partout. Et cette espèce de mélange innommable mais complètement reconnaissable, de détergeant et de solution médicamenteuse, identifiant l’hôpital. Ce qui expliquait le sang et cette absence de souvenir. Il avait du se prendre une sacrée dérouillée. Sûrement un jeune qui voulait sa place d’Alpha. Ah ! Que dalle ! Wolf avait bon pied, bon œil… un bon vieux loup, pas près de prendre sa retraire…
Le son… enfin, une sorte de son. Déformé, à la voix ralentie à en allonger les consonnes et aux vibrations retentissant sur ses délicats tympans. Au moins avait-il des tympans… Parce bon pied, ce n’était pas encore ça, mais bon œil !!!!??? Etait-il aveugle ? Ou … non, juste trop fatigué pour regarder. Il voyait à peine. Des silhouettes. Des choses plutôt… c’était quoi, ces longs trucs ? Où étaient ses loups, sa meute ?

Mais… quoi ? qu’est-ce que… ? Ouiiiiiiiiin !!!! Heeeeeelp !!!!

[HS : y’a pas de K à DraC !! ]

La réunion venait de se terminer et Drac voulait encore passer voir comment allait Wolf avant de s’accorder quelques heures de sommeil bien mérité. De plus, il voulait tirer au clair ce qu’il s’était passé au plus vite. En arrivant à l’infirmerie, on lui demanda comment il se sentait lui-même après les coups reçus et lorsqu’il assura qu’il allait bien, on le laissa tranquille. Il s’approcha donc de Leah qui veillait Wolf toujours aussi fidèlement. Etrangement, même Dracula ne trouvait rien à reprocher à la jeune Lycan et si elle n’avait pas été un de ces bestiaux, il l’aurait peut-être même apprécié... En revanche, il s’en donna à cœur joie contre Wolf.

*Franchement, pourquoi tu vas le voir ? Il t’attaque, il fait du mal à Junia et toi tu va gentiment voir si la boule de poils va s’en tirer ? Tu ne devrais pas plutôt t’occuper de Junia ? Ou de… je sais pas moi ! Allez, avec un peu de chance la bestiole aura crevé ! Un soucis de moins !*

Trop fatigué pour répondre au provocations de son frère, il resta plongé dans ses pensées, sans prêté trop d’attention à Dracula. Leah sursauta en entendant sa voix :

« Alors, Leah, du nouveau ? Comment va-t-il ? »

Drac fut soulager en entendant que les médecins avaient dit que le loup survivrait, mais comme on dit, le bonheur des uns fait le malheur des autres, et Dracula se mit à bouder, déçu.

*Arrête de jouer les hypocrites à faire semblant que tu est content qu’il vive ! Sa mort t’aurais bien arrangé !*

*Tais toi ! Je ne suis pas toi !*

*Encore heureux ! T’imagines ! J’aurais honte…*

Se tournant vers Wolf, Drac remarqua qu’il n’avait pas encore reprit connaissance. En tout cas il ne bougeait pas et ne semblait pas éveillé. Il soupira. Et dire que lui, Wolf, le Lycan qui convoitait sa place de chef avait réussi à maitriser son… démon ? alors que lui n’y arrivait pas. Wolf avait certes agressé Junia, mais il avait réussi à se reprendre. Jamais encore Drac n’avait put empécher Dracula de faire ce qu’il entendait. Et ça le rendait un peu jaloux de la force de Wolf. En même temps, il ne pouvait s’empêcher de l’admirer, pendant que Dracula boudait et grognait dans son coin. Mais surtout, il s’en voulait d’être si impuissant face à son frère. Un sentiment de dégout de lui-même s’insinuait lentement dans son cœur…

*Ah non ! N’y pense même pas ! Tu n’y arriveras pas de toute façon. Tu as besoin de moi et tu le sais ! *

Et malheureusement c’était vrai, mais la réciproque aussi. Finalement, le Lycan eut un léger mouvement. Enfin, il revenait à lui. Leah s’approcha de lui, suivie de Drac et lui demanda doucement comment il se sentait. Drac, inquiet pour le loup commença par lui présenter des excuses pour Junia :

« Désolé de ce qui s’est passé. Elle… tu sais comment elle est sensible à… les questions me concernant. »

Vous est-il déjà arrivé de ressentir tout et son contraire ? Comme écartelé intérieurement, entre vos instincts et vos sensations, entre vos envies et votre raison ? Car c’était exactement ce que Wolf ressentait à ce moment. Mais sa raison. Déjà qu’il n’avait jamais été un adepte du bulbe, mais maintenant qu’il était faible et contraint dans cette forme magique d’animal, la proportion à penser (ou plus être technique, à penser comme un humain) se réduisait comme peau de chagrin.

Son instinct, ce qu’il y avait de plus bestial en lui, détestait la figure de droite. Danger et menace, désire et nécessité de le détruire. Voilà ce que le lycan ressentait de prime abord. Malgré lui, alors qu’il en eût été bien incapable de lui-même, de part sa condition affaiblie, ses babines se retroussèrent, son poil se hérissa et un grondement féroce s’échappa de sa gorge alors que ses pattes tentaient de griffer. Du moins, c’était l’idée. Appliquer là à un lycan blessé revenant des morts, et vous aurez une carpette à poils se trémoussant de façon spasmodique sur la table, en train de s’étouffer avec ses propres couinements.

Puis il y eut ces lumières aveuglantes et la sensation des rayons de soleil comme lorsqu’on fait la sieste lupine dans une clairière en été. C’était chaud, c’était bon. Bercé un moment par cette douce tranquillité, Wolf s’apaisa. Mais cela ne suffisait pas à masquer cette pernicieuse odeur de rouillé et de pourri. Comme une chose pouvait-elle émettre deux signaux aussi compliqués et surtout opposés ?

A bien y réfléchir, elle en émettait trois. Derrière le soleil, il y avait cette… cette… quoi ? Comment décrire ? C’était comme un météore, venant cachant le soleil, apportant avec lui le feu et la glace, et la mort des dinosaures. C’était ça, cette menace, ce danger. Ça venait de là. Ça se voyait dans le ciel, mais c’était tellement loin et dissimulé par l’éclat solaire qu’on ne la détectait pas au premier abord ou de façon tellement furtif qu’on croyait avoir rêvé.

Un contact.
Cette odeur.
Leah, une de ses lycanes. La deuxième de sa troupe, après Aria. Il n’était pas seul. Il allait pouvoir se battre. Mais pourquoi ne réagissait-elle pas ? Ne voyait-elle pas cette ombre ténébreuse à ces côtés !? Vite, il fallait la prévenir, la protéger !

- « Leah… danger… attaque… fuis… danger… danger… »

Wolf s’agita. Il devait faire quelque chose. Mais pourquoi était-il si faible ? Pourquoi ne pouvait-il pas bouger ? Qu’est-ce que c’était que ces entraves qu’il sentait sur lui ! GRAAAAAAOU, c’était un complot, un piège !!

Leah, de son côté, ne comprenait pas pourquoi son alpha s’agitait autant, et encore moins le sens de ses mots. Elle s’était approchée de lui, repoussant son inquiétude de le voir encore sous forme lycane. Puis voyant qu’il se calmait, s’était un peu reculée pour laisser à Drac un peu … d’intimité. La jeune lycane avait compris à demi-mots couverts la situation entre lui, son alpha et la petite Junia. Mais voilà que Wolf devenait presque hystérique. A continuer ainsi, il allait faire sauter ses points ou se faire une belle hémorragie !

- « CHEF! Reculez un peu, il s’agite. Je ne comprends pas, il semble qu’il se croit sur un champ de bataille ou autre. Il dit qu’il a un danger ici. Vous… vous semblez l’énerver… » s’excusa-t-elle d’une petite voix, tout en écartant d’une main ferme Drac de la table. Pour le moment, elle se préoccupait bien plus de son alpha, en piteux état. Tant pis pour la fierté de son chef. De toute façon, comment pourrait-il en vouloir à Wolf, qui était délirant de fièvre ? Et puis, ce n’était pas comme s’il n’avait jamais caché son ambition et le peu d’estime qu’il portait à l’homme qui dirigeait la confrérie. Sûrement, Drac allait comprendre. Sûrement. Ou pas.

UP? Help? Quelqu'un? Je suis touuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut seul! snif snif....

[HS : sans nouvelle de Drac je continue toute seule, en faisant un saut temporel]

Combien de temps resta-t-il dans cette sorte de coma ? Des heures, peut-être même des jours… Pour lui, ce n’était qu’un passage entre deux zones de floues noires. Il avait perdu conscience et maintenant il se réveillait. Pour lui, c’était l’équivalent d’une nuit de sommeil. Pourtant quelque chose en son fort intérieur lui disait que cela faisait plus.

En tous cas, Wolf se sentait entier, maitre de son corps. Plus de douleur, plus de trouble de la vision. Enfin la sensation de plénitude qui ne lui avait pas manqué avant ce moment, où il l’avait perdue. Oh, il se savait encore un peu faible. Il allait devoir y aller doucement avec les patrouilles et les entrainements. Mais qu’on n’aille pas dire que le Général lycan n’avait pas bon pied bon œil. Ou plutôt, bonne patte, dans sa catégorie.

Le loup se leva et arracha d’un coup de dents les perfusions qui lui transperçaient encore la peau et entreprit de descendre de la table. Normalement, il aurait sauté tranquillement, mais il n’avait pas envie de se faire remarquer. En cela, il ressemblait à son chef, à son corps défendant. Comme tout guerrier qui se respecte, ils détestaient passer plus de temps que nécessaire à l’infirmerie. Donc il s’agissait de s’éclipser discrètement.

A pas de loup, et c’était cas de le dire, Wolf sortit de l’infirmerie. Pour le moment, il rasait les murs mais bientôt… bientôt…

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